Camille Boitel joue depuis qu’il a douze ans sur scène, dans la rue, dans la vie, et il écrit et il confond jouer et écrire, et il finit par n’en faire qu’une seule chose au point d’écrire tout le temps et toutes sortes de choses et de toutes sortes de manières mais jamais de la bonne manière et il échoue presque toujours et fini par rater ses propres échecs qui deviennent des succès ou ses succès des échecs ne se souvenant jamais quand il a tenté de réussir ou de rater et ce qui était raté et réussi dans ce qui avait lieu dans des mélanges de plus en plus tissés d’échouages et de brusques succès, et c’est quand il commence à ne plus savoir se défendre de ceux qui savent faire, qu’il rencontre Sève Bernard, qui défend l’inconnu, qui défend l’écriture parfois même contre ses propres auteurs, danseuse, critique d’art (à petite échelle mais grande intensité), écrivaine de plateau, qui trouve que souvent la danse fait semblant de danser, elle qui a tellement dansé, sur des percussions africaines dans le ventre de sa mère qui dansait déjà, puis dans les temples indiens le Baratha Natyam, puis la danse classique au conservatoire de la toute petite île de La Réunion, le jazz au centre de Anne-Marie Porras à Montpellier, la danse contemporaine à Angers au Cndc, et elle s’est mise à explorer toutes sortes de mouvements illimités dans toutes sortes d'espaces, de hauteurs, de vitesses, à Châlons-en Champagne (au Cnac).
À tous les deux, ils se sont mis à écrire, follement, sans limite, et vivent-écrivent des matières devenues inséparables, autour d’histoires d’amours ratées, et d’impossibles impossibles.